Hommage et reconnaissance
C’est une importante figure de la communauté orthodoxe (occidentale) de Belgique qui vient de s’éteindre à l’âge de 70 ans, des suites d’une longue et pénible maladie.
Né à Gand en 1942, Thierry Verhelst avait fait des études de Droit dans sa ville natale. Il avait ensuite étudié aux Etats-Unis et obtenu une Maîtrise en Droit comparé et Anthropologie juridique à la Columbia University de New-York.
Spécialisé en droit coutumier africain, il avait une longue expérience des pays en voie de développement où il avait enseigné (en Ethiopie et au Rwanda, notamment) et travaillé (en Algérie principalement). Il avait accompli de nombreuses missions à l’étranger pour différentes ONG. Il avait ainsi effectué plusieurs séjours en Amérique latine, en Afrique et en Asie. Il fut le fondateur et le coordinateur international du « Réseau Sud-Nord Cultures et Développement ». Il avait enfin été le rédacteur en chef de la revue « Cultures et Développement » financée par la Commission Européenne et diffusée dans tous les continents.
A l’occasion de ses missions aux quatre coins du monde, Thierry Verhelst avait progressivement pris conscience de réalités qui l’ont petit à petit profondément transformé.
Tout d’abord, l’évidence de « la richesse des pays pauvres », richesse culturelle et spirituelle à la fois. Il lui était apparu très tôt que les pays occidentaux avaient une fâcheuse tendance à pratiquer une nouvelle forme d’impérialisme à l’égard des pays en voie de développement en voulant imposer leur modèle à des peuples dont la culture et la sagesse n’avaient rien à nous envier, loin de là. Ce constat lui avait inspiré un premier ouvrage « Des racines pour vivre. Sud-Nord : identités culturelles et développement » (Editions Duculot, 1987), un ouvrage qui fut traduit dans de nombreuses langues.
Sur le plan spirituel, Thierry Verhelst avait aussi beaucoup appris des populations qu’il avait rencontrées. Les chamanes amérindiens, les animistes africains, les hindous, les bouddhistes l’avaient éveillé à la force de la Tradition, à la voie mystique et holistique soucieuse de l’harmonie corps-âme-esprit.
Cette expérience fondamentale l’avait ramené vers le christianisme de sa jeunesse, mais par la porte de l’Orthodoxie où il avait trouvé les mêmes richesses que celles dont il avait fait la découverte aux antipodes.
Devenu prêtre d’une paroisse de Lillois dans le Brabant wallon, il s’attachait désormais à accueillir des chercheurs et des chercheuses de sens en les invitant à explorer les trésors de la Tradition des Pères de l’Eglise et à savourer une spiritualité expérimentale dans la beauté de la liturgie orientale.
Une vie d’expériences extrêmement riches qui lui avait inspiré un ouvrage de synthèse publié en 2008 « Des racines pour l’avenir. Cultures et spiritualités dans un monde en feu » (Paris, L’Harmattan).Thierry Verhelst y exposait les voies de ce qu’il appelait la transmodernité. Pour Thierry Verhelst, la crise à laquelle notre planète est désormais confrontée n’est pas seulement financière, économique ou écologique. Elle est aussi et avant tout culturelle et spirituelle. Il s’agit tout simplement de « définir un nouveau paradigme capable de nous sortir de l’individualisme et de l’utilitarisme hérités de la Modernité pour renouer avec le sens de l’Amour auquel nous a invités le Ressuscité ».